Qu'est-ce que l'écolinguistique ?

Chaque société a sa propre vision unique de la nature, sa propre interprétation de ce qui constitue le monde. Chez la communauté Comanche aux États-Unis, par exemple, il existe un lien de parenté qui relie les humains à tout ce qui existe, aux animaux, aux plantes et à la matière même dont les étoiles sont faites, puisque nous avons tous un origine commun. 

Dans nos sociétés industrielles, en revanche, la nature est perçue principalement par son utilité : chez nous la nature n’est pas tout à fait nature mais elle est surtout un ensemble de « ressources naturelles ». De façon similaire, les écosystèmes ne sont pas tout à fait des écosystèmes mais ils sont surtout un ensemble de « services écosystémiques ».

Qu’est-ce que la nature ? Est-elle notre famille ou bien une ressource ? Sans doute, les réponses qu'on donne à cette question façonnent les manières dont on la traite et comment chaque société l’intègre dans son sein ou bien la sépare. Le langage y joue un rôle fondamental, car c'est à travers lui qu'on va apporter une réponse particulière à cette question. Autrement dit, c'est à travers le langage qu'on va nommer le monde pour interagir avec lui de façon collective. On se met d'accord sur ce qui est réel par le biais des mots qu'on utilise.


Depuis quelques années, une nouvelle discipline de recherche émerge dans le champ de la linguistique. A priori, l'écolinguistique semble une notion difficile à saisir : il s'agit du langage et il s'agit aussi d'écologie, deux sphères de la vie qui semblent largement indépendantes l'une l'autre.
L'écolinguistique, en quelques mots, s'intéresse à comprendre comment le discours quotidien (journaux, multimédias, publicité, conversations, éducation) crée des visions de la nature qui amènent à la traiter comme un objet à exploiter ou bien comme une marchandise, ce qui conduit finalement à sa destruction. Il s'agit aussi de déceler de discours alternatifs qui encouragent un respect et une appréciation profonde de la nature et des êtres vivants qui la composent.

Pour ce faire, on utilise des méthodologies d'analyse structurel de textes. 

Nous avons pu prouver comment certains paradigmes du discours tels que le paradigme de la croissance économique conduisent à détruire le monde naturel, l'environnement même dont nous dépendons pour nos moyens de subsistance. Cela se produit principalement parce que le discours de la théorie économique est centré sur des concepts comme « utilité individuelle », « consommateur », « extraction », etc. qui sous-entendent que les humains sont indépendants de leur environnement et établit l'idée que la nature existe que pour être exploitée afin d'accomplir des fins humaines imaginées comme l'industrialisme, le consumérisme, le militarisme, etc.


Dans ce site, j'explore en grand détail ce domaine de recherche qui possède un grand potentiel pour expliquer l'existence de différentes cosmologies et comprendre la cosmologie dans laquelle on habite. Vous pouvez regarder l'archive des textes publiés en faisant click sur ce lien.

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